Palazzo Poliche (2023)

Un duo de Polichinelles circule nerveusement autour d’une mystérieuse petite maison rouge, abritée par une grande structure de bois. Attirés par la couleur et le bruit comme des insectes étourdis, les deux créatures s’approchent, et découvrent bientôt un paradis du joujou où abondent des objets, tous plus tentants les uns que les autres. Parures, accessoires, instruments de musique et gourdins viennent tour à tour stimuler leur imagination et maximiser leur capacité de nuisance sonore. Comme des intrus dans une vitrine de Noël, c’est à leurs risques et périls que les deux Polichinelles s’amuseront comme des fous : une ogresse sortira bientôt de la maison rouge, pour venir leur remettre les idées en place...

Est-ce une maison de poupées ou un théâtre de marionnettes ? un merveilleux magasin de jouets, ou l’une de ces maisons piégées, faussement accueillantes, qui attirèrent par exemple Hansel et Gretel ? L’installation de Jean-Simon Roch, « La Bimbeloterie », se révèle ici un espace ambigu, à la fois merveilleux et efrayant. Le bâtiment prenant vie devient une sorte d’organisme géant, prêt à avaler ceux qui viendraient le chatouiller de trop près.
Dans ce cadre, les Polichinelles ou « Poliches » de Gabrielle Smith, habitués aux circulations en extérieur, se trouvent confronté au monde des choses. Il n’est pas coupé de celui de la nature auquel ils appartiennent : pour ces créatures hybrides, dont le corps a déjà fusionné avec un costume protubérant, les nouveaux accessoires qu’ils rencontrent sont de nouvelles présences vivantes ou de nouveaux organes potentiels. Quels rapports inédits – gestuels, musicaux, narratifs – établiront-ils avec toutes les accessoires dont regorge la Bimbeloterie?
Palazzo Poliche puise dans le répertoire du conte et de la fable, mais aussi dans l’atmosphère des scénarios à la fois cocasses et cruels de pièces pour marionnettes du XIXe siècle, où la brutalité des rapports entre les personnages se trouve toujours rachetée par la légèreté du ton.

La performance a été créée au Théâtre Le Dôme, à Saumur (Pays de la Loire) dans le cadre de l'exposition "La grande parade" de Jean-Simon Roch.
Elle a été conçue spécialement pour investir l’espace de "La Bimbeloterie", une installation de Jean-Simon Roch, présentée entre décembre 2023 et février 2024 au théâtre le Dôme après avoir été créée en 2022 à l’Abbaye de Fontevraud.
Dérivée du spectacle en extérieur Poliche, créé en 2023 au festival Théâtre à Villerville, Palazzo Poliche est une forme hybride. Collaboration entre un artiste-designer et une metteuse en scène, elle se situe aux frontières de l’installation, du théâtre et de la recherche historique.

Création en décembre 2023.
Représentations : les 10 décembre, 19 décembre 2023 et 19 janvier 2024 au théâtre le Dôme, à Saumur (Val-de-Loire).

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Poliche - version longue (2023)

« L’attitude spectrale de la mante religieuse, la plongée de l’épinoche, la tête en bas, montrant soudain son ventre rouge, se sont pas de simples réflexes : ce sont des scènes jouées. Et elles sont jouées pour et vers l’être, objet de leur manifestation. » Ces mots d’ Etienne Souriau dans Le sens artistique des animaux nous invitent à penser, sinon une origine animale des arts de la scène, du moins une circulation entre les arts humains et les cultures animales.

Avec la singularité suivante : les spectacles que se jouent les oiseaux ou les insectes sont en même temps des images et des comportements, des représentations et des actes, ancrés dans des situations réelles. Dans ce théâtre animal sans quatrième mur, ce n’est rien d’autre que la question de l’union de l’art et de la vie qui apparaît une fois de plus, pour trouve une formulation originale : les bêtes ne nous offrent-elles pas la vivante image d’une intégration absolue du geste esthétique au quotidien ? D’une vie se confondant complètement avec l’œuvre ?
C’est l’endroit de cette spectacularité animale comprise comme spectacularité diffuse – commune, partagée par l’ensemble des individus d’une espèce – dont il est ici question.

Mais alors, pourquoi Polichinelle ? Parce qu’il se promène avec un sifflet produisant d’affreux bruits d’oiseau et se voit parfois même décrit comme le rejeton d’une gigantesque dinde – qu’il évolue donc dans une zone d’ambiguïté où l’homme et la bête se confondent. Mais aussi, parce que le « type » de commedia dell’arte, soit un personnage générique défini par son costume et ses attitudes récurrentes, se rapproche remarquablement de l’idée d’espèce. Les groupes de Polichinelles affairés et quasi-cloniques peints par Tiepolo ressemblent bien moins à des hommes qu’à de nuées de flamants roses, de grues ou de gibbons laineux. Selon les mots de Jean Starobinski : «Pulcinella se reproduit et pullule : c’est moins un personnage singulier qu’une horde parasitaire».

Il s’agit donc de donner à voir une de ces hordes de Polichinelles sauvages – de Poliches. Comme une espèce, une communauté, une micro-société à la forme de vie singulière. En gardant à l’esprit la force du lien qui existe entre un habitus animal et une morphologie, la forme d’un corps : Poliche, séducteur difforme, est avant tout caractérisé par ses deux bosses grotesques et son chapeau turgescent de haut-dignitaire pontifical. Mais l’important n’est bien sûr pas tant ce que Poliche a, ce dont la nature l’a doté, que ce qu’il en fait : c’est en imaginant les façons dont il joue du corps qui est le sien, dont il fait théâtre de ses attributs, comme un oiseau exhibe ses ailes ou comme un homme montre ses muscles, somme toute, les façons dont il parade, que l’on se rapprochera de la spectacularité animale.

Spectacle créé en version longue au festival Théâtre à Villerville les 26 et 27 août 2023.

Poliche, performance pour sept créatures
Conception : Gabrielle Smith
Collaboration artistique : Samuel Bardaji
Avec : Jules Bisson, Anna Carraud, Cécile Chatignoux, Denis Dedieu, Jean-Charles Dumay, Boris Grzeszczak, Paola de Perthuis
Costumes : Pia Dary, Paul Kaplan, Lisa Morice, Constance Tabourga
Musique : Paola de Perthuis
Production : Bureau Klamm / L’heure du rat  
Affiches : Europium
Lien vidéo : teaser ici



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Avant le rat:

Poliche - version courte (2021)

Poliche, performance pour quatre créatures
Conception : Gabrielle Smith
Collaboration artistique : Samuel Bardaji
Avec : Anna Carraud, Cécile Chatignoux, Boris Grzeszczak, Thomas Kergot
Costumes : Pia Dary, Paul Kaplan, Lisa Morice, Constance Tabourga
Production : Bureau Klamm 
Affiches : Europium

Cette version courte d’une vingtaine de minutes a été créée en septembre 2021, à Cerisy-la-Salle, lors du colloque « La mode comme indiscipline », organisé par l’école Duperré (Mathieu Buard, Céline Mallet) et l’ENSAD (Aurélie Mossé).






Culs et Chemises (2019)

Un défilé de silhouettes qui seraient devenues des personnages. Un déf
ilé d'affects, de gestes ou de regards, où chaque passage est l'occasion d'une micro-narration. Ce ne sont plus des mannequins génériques et infiniment reproductibles qui traversent le podium mais des figures, des corps singuliers, chacun chargés d’une rythmique et d’une émotivité propre. Le temps de l’aller-retour d’une vieille dame délimite le temps du défilé : le temps de croiser une série de poseuses mécaniques,  somnambules, frimeurs frénétiques, paysannes brinquebalantes, personnages aux vêtements trop petits ou au coeur trop fragile.

Une performance présentée en 2019 lors du festival Crossfade, organisé par l’IFM et le collectif GAMUT, à la Station - Gare des Mines
Performance conçue avec Tiphaine Guiran et Irène Guarenas
Avec : Thomas Kergot, Anna Carraud, Camille Tolila-Mercier, Yaya Arthur, Lucie Durand, Boris Grzeszczak, Sarah Konté, Victor Weinsanto, Marina Dias
Musique : Antoine Chéry et Arthur Michel.
Production : Bureau Klamm.